mardi 22 mai 2012

Chronique d'une fille paumée.

C’est impressionnant le nombre de gens autour de moi qui sont paumés, perdus, qui ne savent pas quoi faire de leur vie.

J’en fais partie me direz-vous.

Je me demande si c’est un effet de génération (génération Y WELCOME) ou si c’est juste nous les branques. Ou bien si tous les jeunes se sont posés les mêmes questions que ce soit dans les années 60 ou dans les années 2000. J’aime à croire que notre génération est particulière.

Nos possibilités sont immenses, gigantesques, gargantuesques, et pourtant je connais très peu de gens qui ont une idée précise de ce qu’ils veulent faire plus tard. J’en avais pas à 15 ans, j’en ai pas plus à 23. C’est grave docteur ? A 15 ans, j’avais des rêves et j’arrête pas de me demander si ce que je suis devenue aurait plu à la fille de 15 ans. Certainement pas non. On change en cours de route. On rencontre des gens, on choisit des orientations un peu au hasard. C’est dur de savoir ce qu’on veut faire à 18 ans. Je ne sais pas vous, mais moi à cet âge-là, je pensais à tout sauf à ce que j’allais faire de ma vie (ALCOOL – GARCONS – ALCOOL – GARCONS – FRINGUES – ALCOOL – GARCON – FRINGUES).

Je suis rentrée en droit en me disant que ça me mènerait bien quelque part. Et aujourd’hui je n’arrête pas de me demander quel choix je ferais si je pouvais retourner en arrière, en sachant ce que j’ai vécu au cours des 5 dernières années (putain 5 ans). Est-ce que je ne serais pas plutôt allée en histoire ? En littérature ? Est-ce que je ne serais pas plutôt allé en Patagonie cueillir des pâquerettes ? J’aime le droit, enfin je pense. Je ne sais pas trop en fait. Je l’ai aimé c’est sûr. Quelque fois il m’a même fasciné, passionné mais je suis une fille curieuse et j’aime étudier, je crois que j’aurais très bien pu me passionner aussi pour Louis XIV ou pour la culture du Congo. Je lis tout ce qui me passe sous la main depuis que je suis petite. J’aime en savoir plus sur les gens, sur les façons de faire. Il y a très peu de films que je n’aime pas, tout simplement parce que je suis ouverte et curieuse de tout. A côté ce ça, je suis timide et peu sociable. Allez comprendre... J’arrête pas de me demander ce que je serais devenue si j’avais abandonné le droit à 20 ans. J’ai un gros défaut, j’aime aller au bout des choses, au bout du bout. Même quand ça ne me plaît pas. Oui je sais, c’est un défaut qui est aussi une qualité, bla bla bla.

N’empêche que je me retrouve là à 23 ans, à me demander si j’aime le droit et ce que je vais faire des mes années professionnelles. J’aimerais juste gagner à Euromillions parfois, me contenter de bien placer mes sous et faire le tour du monde 3-4-5-50 fois. Je ne comprends pas les milliardaires friqués qui s’ennuient, la Terre est tellement pleine de choses à voir.

Puis j’aurais aimé avoir une vraie passion / un don aussi. Non pas pour le nail art ou pour la mode, juste savoir dessiner, faire de la musique, chanter, créer des vêtements, des bijoux, savoir écrire… peu importe, avoir un don / une passion et avoir l’utopie, le rêve d’en vivre. Ca m’aurait donné une raison de me lever le matin. Au lieu de ça, je suis ici. Ce que je fais ne me déplaît pas, mais ça ne me fait pas frétiller de la petite culotte, voyez ?

Fallait y penser avant ma pov’ fille vous me direz. Ouais mais avant on n’y pense pas à tout ça, on se laisse porter. En tout cas moi oui. Quand je vois certains de mes amis qui semblent avoir trouvé leurs voies, je me demande comment ils font, comment ils font pour être sûrs, pour que ce soit aussi « simple », pour avoir trouvé un domaine qui leur plaît VRAIMENT sans s’être réorienté 15 fois, sans avoir testé 45 filières différentes. J’ai 23 ans, bac +4 et aucune idée de ce que j’ai envie de faire. Enfin si j’ai des idées mais je ne sais pas si ça me plairait, je ne sais pas si c’est vraiment ce dont j’ai envie.
Finalement je n’ai pas changé d’un iota depuis mes 18 ans, sauf que maintenant j’y réfléchis. Et que je sois titulaire d’une maîtrise ne change pas grand-chose. Parfois je voudrais tout recommencer. Mais le pire c’est que je ne sais pas ce que j’aurais fait d’autres. Je vous dis je suis une fille sans réelle passion. Je me souviens d’une conversation avec une amie à ma rentrée en droit en 2007 et on se demandait si on aimait le droit …Je suis toujours incapable de répondre à cette question.

Je pense juste que j’aurais appris plein de choses pendant ces 5 ans. Une certaine rigueur. Des méthodes de travail. Puis faut dire ce qui est, les gens ont besoin des juristes, les gens ne connaissent rien en droit. Ils confondent tout et moi je me sens puissante quand j’explique les choses. Puis rencontrer des gens. Grandir. Avoir confiance en soi. S’épanouir. Tout ça. Même si pendant longtemps je suis restée une petite chose, une lycéenne, il m’a fallu du temps. Si ma 2ème année a été décisive sur le plan universitaire, sur le plan personnel mes 1ère et 3èmes années ont été bien plus intéressantes. Surtout, la 3ème année, allez savoir pourquoi …

Ca n’aurait sans doute pas été pareil ailleurs, mais ça ne signifie pas que ça aurait été moins bien.

Je réfléchis trop vous allez me dire, et vous aurez raison. Surtout que ça n’avance rien. Une fois cette page refermée je ne saurais toujours pas ce que je veux faire et vous non plus. Je sais que je n’aurais pas le courage de tout recommencer ailleurs, je sais que je n’aurais pas le courage de reprendre des études. Les études me gonflent. Je sais aussi que je suis une fille têtue et quand j’ai une idée en tête je ne l’ai pas ailleurs, j’irais donc au bout de mes « projets ». Sûrement. Je vous le dis, ils ne me déplaisent pas. Puis peut-être qu’un jour je plaquerais tout et irais élever des chèvres en Bretagne...

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