mardi 3 juillet 2012

Les femmes du bus 678





Je ne sais pas par où commencer. Je crois que je commencerais par vous dire d'aller le voir. C'est l'histoire de 3 femmes qui subissent des agressions sexuelles en Egypte et qui choisisisent de se battre, d'une façon ou d'une autre.
Le destin fait qu'elles se rejoignent et combattent ensemble.

Je voudrais juste parler de la scène qui m'a le plus fait mal. Ce n'est pas tant les scènes d'agression mais cette scène horrible où l'une dit à l'autre "c'est de ta faute, tu es habillée de façon trop courte et trop provocante, les hommes pensent qu'on est toutes comme toi et on paye, on se fait agresser à cause de filles comme toi". Oui ça m'a fait mal. Parce que c'est moche, rétrograde et surtout irréel d'entendre ça dans la bouche d'une femme.
Je ne vais pas épiloguer sur le sujet, OUI on peut se faire agresser même en portant un jogging et surtout ce n'est pas parce qu'on porte une jupe RAS LA MOULE que ça justifie une agression.
Voilà.



Maintenant je voulais quand même vous parler d'autres choses.
Parce que ce film m'a fait réfélchir sur la condition féminine en France. Je suis loin d'être féministe, tout le monde le sait. Du moins pas féministe comme on l'entend. Disons que bien entendu je suis pour les droits des femmes, je suis pour l'égalité homme / femme mais pas à n'importe quel prix et pas n'importe comment. Et surtout, je trouve qu'on crie un peu trop au loup pour rien parfois en France. Bref, je ne vais pas revenir sur le sujet pour la 315 000ème fois.
Je me suis dit en sortant du cinéma "heureusement que je vis en France". Ouais.
Puis j'ai pensé à moi et mes copines. J'ai pensé à la jeune de 17 ans qui s'est fait suivre une nuit en rentrant de boîte, parce qu'à l'époque j'étais inconsciente, jeune et que c'était notre seule moyen de locomotion. Il ne m'est rien arrivée mais ça aurait pu.
J'ai pensé à ces moments où tu dois traverser Lille toute seule la nuit tard, pour rentrer chez toi, reprendre le bus, peu importe, où tu évites de porter une jupe parce que tu sais que tu seras seule, où tu te cramponnes à ta bombe lacrymo / ton portable pour te dire que si quelqu'un t'approche de trop près tu pourras réagir. A avoir peur d'un regard persistant. A avoir peur d'un mec qui te demande son chemin, même dans la journée, parce que tu te remets à penser à ces nanas qui se sont fait violer dans les trains sans que persone ne réagisse. J'ai repensé à toutes les fois où j'étais bourrée dans les rues de Lille et où il aurait pu m'arriver tout et n'importe quoi.
Quand je suis revenue du cinéma il était 21h30, il faisait bon, c'était la fête du cinéma, il y avait des gens encore dehors, je n'ai pas eu peur. Pourtant il y avait des gens étranges aussi, des SDF, des punk à chiens. Des mecs qui te demandent des sous pour manger et que tu te demandes toujours comment ils vont réagir quand tu leur diras non. Des lourds qui te font des "hey mademoiselle" et tu te demandes comment ils vont réagir quand tu ne diras rien.  J'ai croisé une connaissance en short et débardeur et j'ai pensé "Oh mon dieu la pauvre, elle va se faire harponner à tous les coins de rue comme ça". Elle le sait mais elle était quand même en short.
Parfois je me rassure en me disant que ce sont souvent les mecs les plus chelous les moins méchants. Parfois quand je croise des hommes d'apparence "normal" c'est là que j'ai peur, parce que justement ils ont des gueules d'ange, ils sont pères de famille, cadre dynamique. Et pourquoi ce ne serait pas eux, les agresseurs, les violeurs ? Avec des idées comme ça, on finit par avoir peur de tout le monde.



Je me rends bien compte que je suis parano. La faute aux médias me direz-vous. A tout ce qu'on entend. Plus je vieillis, moins j'ose. Moins j'aime me balader seule dans Lille la nuit.Quand quelqu'un me regarde trop intensément dans la rue aussi je ne me dis jamais que c'est parce qu'il me trouve jolie et qu'il veut me draguer. Non c'est forcément un violeur, massacreur, coupeur de tête.
Je suis française, je peux me balader dans la ville quand ça me chante, et heureusement pour moi je ne me fais pas tripoter à tous les coins de rue. Et je sais que si ça devait arriver, je pourrais porter plainte, on reconnaîtrait mon statut de victime, la justice sera là, (ET ENCORE ...) ce qui est dramatique c'est qu'en Egypte il y a peu le délit d'agression sexuelle n'existait pas. Et ça c'est grave. Des pervers il y en a partout, ce n'est pas une question d'être française ou egyptienne. Si ces crimes là ne sont pas punis, les pervers n'ont aucune raison de s'arrêter. C'est aussi une question de culture. Une nana qui se fait agresser là-bas, c'est de "sa faute", c'est sur elle et sa famille que repose la honte. Je me demande encore comment on peut penser comme ça au 21ème siècle.

Bref, il faut aller voir ce film parce que hier encore je lisais un reportage là-dessus et que ça me fait mal au coeur de me dire que des dizaines de femmes par jour se font agresser, que ce soit en Egypte ou ailleurs et que pour des milliers de raisons, bonnes ou mauvaises, la plupart d'entre elles ne disent rien.




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire