Faire des études supérieures et écrire comme un manche à balai. Plaidoyer pour moins d'indulgence.

Aujourd'hui, j'écris ce post parce que je suis à la fois accablée et désespérée.

Les gens ne savent plus écrire. 

Avant d'aller plus loin, je tiens à préciser que je suis une jeune étudiante de 23 ans et non une vieille folle réac de 60 ans amoureuse de Bernard Pivot. Je fais moi même des fautes d'orthographe et si je puis dire j'en prends l'entière responsabilité. Entendez par là que je ne me cache pas derrière des excuses foireuses du type "j'ai écrit ça vite fait", "j'étais fatiguée". Enfin, pas tout le temps. 

Je suis choquée par la façon d'écrire de mes comparses. On en vient à lire des textes qui ne veulent plus rien dire, où on remplace des "ait" par des "est", où même le présent de l'indicatif semble inconnu et où on écrit "ils prends". Tous les jours des Bescherelle meurent mesdames et messieurs !

Pour vous rendre compte de l'ampleur du phénomène, je vous invite à vous rendre ici. Certains me diront que "c'est sur Internet, ça compte pas" ou encore "c'est de l'abrégé". Ce à quoi je répondrais que quand on écrit "jé regarder cest fleur avec twa", non seulement ça pique les yeux mais en plus on rajoute des lettres inutilement. Si moi, et sans doute certains d'entre vous qui me lisez, avons connu le doux temps du sms à 10 centimes, (Slt Kmen tva?), aujourd'hui grâce aux sms illimités, il vous est possible d'écrire de longs messages CORRECTEMENT. Pas d'excuse. 

Certains me diront encore que c'est une question de milieu social. Certes, quand j'étais petite, ma maman passait des heures à m'apprendre la conjugaison, l'orthographe, elle n'a jamais laissé passer une faute. Je me rends bien compte de la chance que j'ai quand j'entends des mères dire à leurs enfants "il faut que tu prends" ou "je vais te faire montrer". Je veux bien concevoir qu'on ne soit pas un as de l'orthographe dans ces conditions. 

Simplement, vous ne pouvez pas imaginer le nombre d'étudiants, comme moi, qui font des fautes à tous les mots. Des gens avec Bac +3, Bac +5. Là, je pense sincèrement qu'il y a un sérieux problème. Comment une personne qui écrit "sa va", "ils joues" peut-elle avoir une licence ?

Je dirais même, comment peut-elle avoir le bac ? 

Moi je trouve ça triste ce dénivellement par le bas. Je trouve ça triste qu'on prenne plus en compte le fond que la forme.

Parfois, quand on voit ce que certains écrivent on se demande franchement s'ils se comprennent. Certes, si on prenait en compte l'orthographe et la grammaire, le nombre de diplômés chuterait mais serait-ce fondamentalement une mauvaise chose ?

Moi qui suis en droit, je m'imagine recevoir la lettre d'un avocat / notaire bourré de fautes. Niveau de crédibilité: zéro. 

C'est grave. 

J'ai bien conscience qu'on ne peut pas faire de sélections sur ce seul critère, mais imposer un tutorat aux étudiants en difficulté serait une bonne idée. Ou mieux encore, apprendre à nos enfants à écrire correctement dès l'école primaire. Tiens donc, en voilà une idée intéressante. 

Messieurs les professeurs, par pitié soyez plus exigeants ! Corrigez les fautes sur les copies. Ne laissez rien passer. Je ne voudrais pas faire trop dramatique mais j'ai quand même la sensation que l'avenir du pays en dépend. 

Quand à vous monsieur le ministre de l'éducation nationale, M.Peillon, je pense sincèrement qu'il faut absolument réapprendre à lire et écrire convenablement à nos enfants. Il faut remettre en marche l'école républicaine, l’ascenseur social, qui fera que les enfants qui n'ont pas une maman comme la mienne pourront un jour la reprendre quand elle écrira "jai manger".