J’aime mon pays.
Pour des milliers de raisons.
Je l’aime pour sa diversité. Je l’aime parce qu’il m’a permis d’aller à l’école gratuitement – ou presque. Je l’aime parce que quand je suis malade, on me demande d’abord comment je vais avant de me demander ma carte bleue. Je l’aime parce que personne ne m’a jamais forcé à penser d’une façon ou d’une autre. Je l’aime parce qu’en tant que femme j’ai la possibilité de devenir mère de famille si ça me chante, à l’âge que je veux et dans les conditions que je veux. Je peux aussi m’envisager PDG d’une entreprise. Je peux aussi porter des jupes et tromper mon mari sans que personne ne me mette en prison. J’aime mon pays parce que je peux acheter des journaux qui critiquent Dieu, l’ordre établi, le pouvoir en place, le reste du monde, sans que personne n’y trouve rien à redire. Je l’aime pour la bière, le fromage et le saucisson. Je l’aime parce que je peux faire de longues études. Je l’aime parce que je peux aller voir des expos, aller au théâtre, au cinéma, lire des livres, voir des choses variées. Je l’aime parce que quand je dis que je suis française on me regarde avec envie et admiration. Je l’aime pour son histoire riche. Je l’aime pour ses monuments et ses musées. Pour sa culture. Sa démocratie qui n’est pas toujours parfaite certes. Pour Paris qui est magnifique. Pour Lille qui est merveilleuse. Pour la Bretagne qui est naturelle. Pour ses grandes plages du nord. Pour ses accents moches. Pour toutes les possibilités qu’il m’offre. Pour sa côte Atlantique qui me laisse rêveuse. Pour sa créativité. Pour sa carte vitale. Pour sa facilité à rejoindre les autres pays du monde. Pour sa nature si belle. Pour ses plages. (…)
Et ce serait à peine exagéré que de dire que Sarkozy a tout gâché. Lui et ses politiques de haine, lui qui flirte du côté de l’extrême droite. Ce n’est pas tant une question de politique que de style. Un style bling-bling agité, le mot de trop, le sourire condescendant, l’allure méprisante. Je suis jeune et Sarkozy est le premier président que je n’ai pas élu, mais il me semblait quand même que ses prédécesseurs, de gauche, de droite, ou du centre, avaient une certaine classe, une certaine hauteur, de la personnalité, de l’esprit. Lui il a tout gâché. Je n’aime pas me dire qu’on l’a élu, qu’il représente la France. Des millions de français sont déçus du sarkozysme, j’ai envie de dire que c’était prévisible, il y a 5 ans du haut de mes 18 ans et de mon enthousiasme pour Ségo2007, je savais que cet homme ferait beaucoup de mal au pays.
Et maintenant, on se retrouve là. A une semaine du 1er tour. On a le choix entre ce petit home agité pour lequel je me suis toujours refusée de voter, et François Hollande qui même avec son super-régime n’arrive pas à me convaincre tout à fait.
Puis il y a tous les petits candidats, Bayrou que j’ai toujours trouvé grotesque, Mélenchon que je n’aime que depuis 3 mois, depuis qu’il ramasse les voix de Marine, Eva Joly qui ne me tente pas plus que ça. Les autres candidats ne m’intéressent pas.
Alors que fait-on ? On fait comme tous les français. On vote par dépit, en éliminant les candidats au fur et à mesure, parce que ne pas voter est pour moi inconcevable et que le vote blanc n’est pas pris en compte – et c’est bien dommage.
A défaut de vous dire pourquoi je voterais François, je vais vous dire pourquoi je ne voterais pas Sarkozy.
« Le sixième président de la Vème République est un homo novus au sens latin du terme : dans la rome antique c’était celui qui venait de la province, était noble depuis peu et qui, tout en aspirant à de hautes charges, n’avait pas la formation requise. (…) Nicolas Sarkozy, lui n’est pas de souche française (…) et il n’a pas dans sa jeunesse, passé le concours de l’ENA. C’est un outsider et, comme tous les outsiders, il a des ambitions démesurées. (…) En parlant de racaille pour décrire les comportements déviants dans les banlieues, il a contribué à déclencher les vingt-cinq terribles nuits de violence de novembre 2005. Ces mots, répétés ces derniers jours, soulèvent l’inquiétude. Le risque c’est de faire naître l’incendie, pour se présenter ensuite comme le pompier – un risque aggravé par l’influence que Sarkozy exerce sur les médias par le biais de nombreux patrons de pression et de télévision qui font partie de ses proches. » Barbara Spinelli La Stampa.
Discours de Dakar 2007 : « Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire ».
Décembre 2007 : Kadhafi plante sa tente à Paris et signe des contrats pour 10 milliards d’euros.
Décembre 2007 : « Dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur. »
Février 2008 : Sarkozy propose que « tous les enfants de CM2 se voit confier la mémoire de l’un des 11 000 enfants français victimes de la Shoah ».
« D’un point de vue économique et financier, les seuls à avoir profité de la politique de sarkozy sont les plus riches, qui ont vu leurs impôts diminuer, et les grandes entreprises des secteurs bancaires et automobile, qu’il aide à coups de milliards à traverser la crise. Les manifestations de janvier 2009 étaient les plus importantes en France depuis des années. Toutefois, les revendications des manifestants qui sont parvenus à pousser Sarkozy dans ses retranchements, vont bien au-delà de la présente crise. Les Français remettent profondément en cause la politique économique et sociale de leur président. » Dorothea Hahn. Die Tageszeitung.
« De tous les présidents qu’a eus la France, Nicolas Sarkozy est le plus franchement américanophile. Il est ce que les français appellent un libéral. Son élection fut une victoire de la déréglementation et des principes favorisant l’économie de marché à l’américaine – ou pour utiliser le qualificatif qu’apprécie tant sarkozy, à l’anglo-saxonne. Or, depuis le début de la crise financière, il cherche à se démarquer des décideurs américains et britanniques, qui sont pourtant ses alter ego idéologiques. D’emblée, avec raison, il a rendu les Etats Unis responsables de l’effondrement économique planétaire, rappelant à qui voulait l’entendre que « la crise n’a pas commencé en Europe : elle a commencé aux Etats Unis. (…) Au vu du cabotinage de Sarkozy, on pourrait croire qu’il a connu une subite conversion philosophique. Il n’en est rien. (…) Sarkozy mène une politique de baisse d’impôts modér&e et s’attelle progressivement - mais sûrement – à la réduction du nombre de fonctionnaires et au démentélement de la protection du travail et des 35 heures hebdomadaires. Et, tandis que le gouvernement Obama prône aux Etats Unis un gigantesque programme de dépenses publique, Sarkozy campe sur ses positions en matière de relance, ainsi que sur son programme de réduction du rôle de l’Etat. (…) Ses véritables adversaires politiques sont les socialistes français et les syndicats, mais il a choisi pour cible de sa colère affichée les méchants financiers de la planète. Ainsi, alors même qu’il s’efforce de libéraliser son pays, il peut se permettre de taper sur les banques anglo saxonnes et de faire croire à ses électeurs qu’ils peuvent compter sur lui pour être aussi furieux qu’ils le sont. » Mark Gimein. Slate.
Octobre 2010 : Jean Sarkozy est candidat au poste de dirigeant de l’EPAD.
Novembre 2010 : Le gouvernement lance un grand débat sur l’identité nationale.
Régionales de mars 2010 : la gauche dirige 21 des 22 régions françaises.
Juin 2010 : Brice Hortefeux est condamné pour injure raciale. En 2009 alors ministre de l’Intérieur : « Quand il y en a un ça va. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes ».
Juin 2010 : L’affaire Woerth – Bettencourt éclate.
Juillet 2010 : discours de Grenoble. Il évoque la possibilité de déchoir de la nationalité française toute personne qui agresserait un représentant des forces de l’ordre.
Eté 2010 : été des charters de Roms.
« L’été qui s’achève en France a été meurtrier pour le « vivre ensemble ». Le virage ultra sécuritaire de Sarkozy avec la promesse de déchoir de la nationalité certains délinquants et la reconduction des Roms aux frontières a plongé le pays dans un climat délétère. La surenchère ajoute chaque jour à la gêne. (…) L’Elysée joue les apprentis sorciers. Les résultats escomptés de sa politique sont plus qu’aléatoires. La déchéance de la nationalité est jugée inapplicable et inconstitutionnelle par bien des juristes. Et, si Nicolas Sarkozy pense en finir avec les camps illégaux e Roms, en l’état actuel du droit rien ne les empêchera de revenir une fois expulsés. » Virage ultrasécuritaire. Joëlle Meskens. Le soir.
Septembre 2010 : manifestations contre la réforme des retraites. « Dans les manifestations de ces jours derniers, nombre de banderoles, pancartes et slogans s’en prenaient à Sarkozy, comme s’il était la cible principale des protestations non seulement en tant que responsable de la réforme des retraites, mais aussi comme ami des riches ». Bernard Valli. La Repubblica.
Octobre 2010 : Air Sarko one pour un coût de 180 milliards d’euros.
Février 2011 : le scandale de MAM et ses vacances en Tunisie. « Les dégats se révèlent considérables à l’extéireur de la France où la diplomatie de l’Elysée a perdu une grande part de sa crédibilité, mais aussi à l’intérieur ». Jean Noël Cuénod. Tribune de Genève.
Avril 2011 : L’UMP organise un débat sur l’Islam rebaptisé « convention sur la laïcité ».
« L’annonce d’un tel débat conforme qu’une partie de la classe politique française privée d’arguments et à court d’analyses, n’a d’autres recours que jouer sur les peurs d’une opinion déboussolée par une crise multiforme. Les acrts de revenus et la réduction des budgets sociaux se traduisent par l’exclusion de larges catégroeis de français, en parrticulier les jeunes pour qui le chômage structurel est une réalité amère. Les fractures sociales se superposent à une fracture ethnoculturelle, les exclus se recrutant des les milieux issus de la diversité, enfants ou petits enfants d’immigrés. La tentation est grande d’entrtenir les diversions et de nourrir des fantasmes d’invasion et d’altération d’une identité française que l’on voudrait figer dans des stéréotypes mythiques. Au lieu de se réjouir du triomphe de la démocratie en Tunique, on agite le spectre d’une arrivée massive de Tunisiens en France, donnant ainsi à penser qu’on regrette la dictature de Ben Ali. (…) La perte de crédit international de la France a son origine dans cette régression continue du débat politique vers les abysses peu glorieux du populisme démagogique. » K.Selim, Le Quotidien d'Oran.
Tous les extraits d'articles sont issus du hors série de Courrier International, février - mars - avril 2012, France que deviens-tu ?, et tous les dessins sont de Mix&Remix, à l'exception de la caricature avec le Schtroumpf qui est de Plantu.